LE PRESIDENT AU JAPON (ou la dure vie des entrepreneurs !)
Diriger une entreprise (et bientôt plusieurs), vouloir tous les niquer devenir le maître du monde pour acheter encore plus de yahourts qui coûtent un oeil, cela demande des efforts soutenus et c'est bien normal. Le chef d'entreprise doit donner l'exemple en travaillant beaucoup, encourager, motiver, ménager les susceptibilités et finalement, vaguement dépité, il se rend compte tôt ou tard que par moment, on ne l'idolâtre pas, non, au contraire, on dit du mal du méchant patron. Certes le chef d'entreprise rêverait sans doute de secrétaires se pâmant sur son passage et de collaborateurs pétris d'admiration mais la réalité est plus brutale. C'est bien normal, à l'école on trouve que le prof est un salaud, au bureau que le chef est un sale con. Je parle en connaissance de cause, mes élèves m'ayant un temps gratifiée d'un grade militaire et sans doute de quantité de noms d'oiseaux à chaque fois que je ne m'enthousiasmais pas en constatant qu'ils plaçaient la Renaissance avant le Moyen Age.
Alors parfois, le chef d'entreprise presque quadragénaire rentre chez lui harassé et lâche à sa divine muse compagne : "ils commencent tous à me gonfler". Gageons que l'autre président doit parfois dire la même chose à sa belle ibère. Probablement qu'il emploie même des mots encore bien plus grossier (car nous avons déjà été contraints de déplorer ses écarts de langage). Dans de tels cas, le voyage d'affaire tombe à point nommé pour prendre le large et avoir au retour le sentiment de jouer un remake du triomphe de César en ramenant au bureau de nouveaux contrats arrachés à ces cochons de gaulois. Et la foule de se prosterner sur le passage du chef tout puissant...
En l'occurrence, pour mon président à moi, les gaulois sont japonais et c'est donc vers le pays du kimono (en soie, taille 38 soit 9 au Japon, n'oublie pas chéri) qu'il s'est envolé loin des menaces de rébellion, me laissant seule, abandonnée, à deux doigts de la salle d'accouchement...
Mais je dois dire que c'est pour la bonne cause, le bien de la science, la croissance française, le rayonnement de l'Europe, le...je m'emballe.
Bref, depuis son arrivée au pays du sushi, le président travaille d'arrache pied et suivant tout cela à distance, je me dis, quand même, quel courage ! quel homme !
LA PREUVE :
Il visite de hauts lieux culturels, se plonge avec délectation dans l'observation de l'architecture japonaise ce qui lui permettra au retour de briller par son érudition.
Il fait du shopping parce que, quand même, la culture il faut se méfier, on n'est jamais à l'abri d'un petit syndrome de Stendhal de derrière les baguettes fagots.
En fin de journée, après avoir vaillamment supporté une température estivale (quand le brushing de sa chère et tendre s'effondre sous la pluie hexagonale), il se détend nu dans le magnifique SPA de son hôtel, faisant admirer aux japonais l'orgueil de la France (heureusement, le SPA est non mixte car si les japonaises avaient vent d'un tel prodige, elles demanderaient immédiatement asile dans notre beau pays à notre autre président).
Quand il est bien détendu, il dîne dans des endroits merveilleux, se faisant servir par quelque geisha silencieuse, lui faisant penser que sa femme, miss dernier mot, a quand même un très grande gueule. Qui sait, contre un très beau kimono ivoire, elle pourrait peut être temporairement fermer son claquoir.
Ceci dit juste un mot mon chéri, le temps d'adaptation au décalage horaire est fini donc demain, il va falloir tous les niquer ces japonais !
Quel dur labeur que celui de l'entrepreneur.
Et dans 5 jours tu rentres à la maison et là...
C'EST QUI LE PATRON ?????